La guerre franco-allemande de 1870-1871, parfois appelée guerre franco-prussienne, guerre de 1870 ou guerre de septante, est un conflit qui oppose, du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871, la France à une coalition d'États allemands dirigée par la Prusse et comprenant les vingt et un autres États membres de la confédération de l'Allemagne du Nord, ainsi que le royaume de Bavière, celui de Wurtemberg et le grand-duché de Bade.
Cette guerre s'inscrit dans le contexte de différentes questions nationales qui poussent les nombreux États allemands à s'unir. La Prusse souhaite réaliser cette union autour d'elle, aux dépens de l'Autriche (qu'elle bat durant la guerre austro-prussienne de 1866) dans un premier temps, et de la France dans un second temps. Cette guerre est considérée par le chancelier Otto von Bismarck comme une réponse à la défaite prussienne lors de la bataille d'Iéna de 1806 contre l'Empire français. Il dira d'ailleurs, après la proclamation de l'Empire allemand à Versailles en 1871 : « Sans Iéna, pas de Sedan ».
L'élément déclencheur du conflit est un démêlé diplomatique mineur (la candidature, retirée à la demande de la France, d'un prince allemand de la maison de Hohenzollern au trône vacant d'Espagne) que Bismarck déforme en un camouflet insupportable pour les dirigeants français de l'Empire. Des maladresses politiques de l'empereur Napoléon III vis-à-vis d'autres pays européens isolent la France, mais le régime pousse à la confrontation avec la Prusse, soutenu par l'opinion publique, autant pour se défaire d'un rival dangereux que pour agrandir le territoire national.
Le 19 juillet 1870, l’Empire français déclare la guerre au royaume de Prusse. Les troupes françaises sont néanmoins mal préparées, moins nombreuses (300 000 contre 500 000, bien plus qu'auguré dans les états-majors car la Prusse réussit à s'allier avec le grand duché de Bade, le royaume de Wurtemberg et celui de Bavière4) et manquent d'une stratégie militaire concertée ; les troupes allemandes ont une expérience récente – et victorieuse – du feu (avec les conflits contre le Danemark en 1864 et l'Autriche deux ans plus tard), une artillerie lourde et une excellente formation. Marqué par les innovations techniques concernant le feu, qui permet un tir plus rapide, et le déclin important de la place de la cavalerie, le conflit tourne rapidement à l'avantage des Allemands. Les Français sont défaits à plusieurs reprises début août sur le front de l'Est. L'armée de Châlons vient renforcer le dernier verrou protégeant Paris : la place de Metz ; Napoléon III, qui dirige l'armée jusqu'au 7 août, jour où il est défait sévèrement, cède le commandement au général Mac Mahon. Quand il a quitté Paris avec son fils pour la guerre, il a confié la régence à son épouse Eugénie de Montijo. Encerclé à Sedan, l'empereur capitule le 2 septembre 1870.
Cette capitulation entraîne la chute du régime et la proclamation de la République ; le gouvernement provisoire continue la guerre, mais la masse des volontaires rassemblés par ses représentants manque de matériel et d'encadrement. Le gouvernement évite de peu d'être assiégé à Paris et se replie à Tours puis à Bordeaux ; en l'absence de victoires décisives dans le Nord, l'Est, la Bourgogne ou sur la Loire, un armistice est signé le 26 janvier 1871, suivi de la signature de conventions militaires le 28 janvier suivant. Cet armistice et ces conventions militaires ne concernent toutefois pas les opérations militaires dans l'Est de la France car les négociations sur le futur tracé de la frontière franco-allemande n'ont pas encore abouti. L'armistice général intervient le 15 février 1871. L'ordre est alors donné à la place fortifiée de Belfort de se rendre, ce qu'elle fait le 18 février, l'ennemi lui rendant les honneurs de la guerre. Le traité de paix, signé le 10 mai 1871 à Francfort-sur-le-Main, entérine définitivement la victoire allemande.
Avant même la signature de l'armistice, les États allemands s'unissent en un Empire allemand, proclamé au château de Versailles, le 18 janvier 1871. La victoire entraîne le rattachement au Reich de l'Alsace (excepté l'arrondissement de Belfort dans le Haut-Rhin resté français sous le nom de Territoire de Belfort) et d'une partie de la Lorraine (Moselle actuelle), qui seront rattachées à la France en 1918 à l'issue de la Première Guerre mondiale. Le nouvel empire affirme sa puissance en Europe au détriment de l'Autriche-Hongrie et de la France. Cette dernière doit également supporter l'occupation d'un bon tiers de son territoire jusqu'en 1873 et le paiement d'une indemnité de 5 milliards de francs-or. Du 18 mars au 28 mai 1871, la Commune de Paris, ainsi que celles d'autres grandes villes, se soulèvent contre le gouvernement (à majorité monarchiste) ; celui-ci écrase les communards parisiens durant la Semaine sanglante et réprime les autres insurrections jusqu'au 7 juin 1871.
La défaite et la perte de l'Alsace-Moselle provoquent en France un sentiment de frustration durable et extrême qui contribue à la montée d'un nationalisme revanchard, mais également à une remise en question de l'enseignement des élites françaises. La constitution d'un vaste empire colonial va permettre au pays de retrouver en partie sa puissance mise à mal. Les conséquences des combats modifient également fortement le droit humanitaire international et marquent les esprits des artistes, qui font dans leurs œuvres l'éloge des vaincus.
La guerre franco-allemande5 s’inscrivit dans le contexte troublé du xixe siècle où les aspirations nationales de peuples s’exprimèrent à plusieurs reprises sans toujours aboutir à la création d’un État-nation. La Grèce, la Belgique et l’Italie y parvinrent. Grâce à l’intervention militaire de la France contre l’Autriche, un élan unitaire entraîna la fusion des États italiens avec le royaume de Piémont-Sardaigne, à la suite de plébiscites organisés. Le royaume d'Italie fut proclamé par le parlement réuni à Turin, le 17 mars 1861.
Le projet d'unification allemande prit naissance, quant à lui, avec les Discours à la Nation allemande (Reden an die Deutsche Nation) de Johann Gottlieb Fichte qui, en décembre 1807, essaya d'éveiller un sentiment national dans le but de susciter la création d'un État national allemand, sur les ruines du Saint-Empire romain germanique, libérant les Allemands de l'occupation napoléonienne.
En 1834 fut créée une union douanière, le Zollverein, entre la Prusse et une trentaine d’États allemands du Nord, qui permit la construction d'un réseau ferré puissant et le décollage économique de l'Allemagne du Nord par le désenclavement de régions industrielles comme la Ruhr ou la Saxe et l'ascension d'une bourgeoisie libérale, initiatrice du mouvement unitaire. Plusieurs tentatives libérales d'union échouèrent, notamment en 1848.
Napoléon III, devenu empereur des Français en 1852, souhaitait un remaniement de la carte de l’Europe. Selon lui, les mouvements nationaux étaient un facteur d’instabilité qu’il fallait canaliser pour permettre l’avènement d’une Europe nouvelle, rééquilibrée, pacifiée par le respect du principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et de la souveraineté nationale6.
Carte de la situation politique de la
confédération de l'Allemagne du Nord
(en rouge), des États germaniques du Sud (en jaune) et de l'
(en beige).
Tout autre était la vision d’Otto von Bismarck, ministre-président de Prusse, qui, issu de la noblesse terrienne, était conservateur. Selon sa formule7 :
« L'Allemagne ne s'intéresse pas au libéralisme de la Prusse mais à sa force (…). La Prusse doit rassembler ses forces et les tenir en réserve pour un moment favorable qu'on a déjà laissé passer plusieurs fois. Depuis les traités de Vienne, nos frontières ne sont pas favorables au développement de notre État. Ce n'est pas par des discours et des votes de majorité que les grandes questions de notre époque seront résolues, comme on l'a cru en 1848, mais par le fer et par le sang. »
Pour lui donc, primait la force. Pour réaliser l’unité de l’Allemagne autour de la Prusse, il convenait, en premier lieu, d’éliminer l’Autriche qui présidait la Confédération germanique rassemblant tous les États allemands dans un vaste ensemble dont le poids politique était à peu près nul.
Sous l’impulsion de Bismarck, l’unité allemande ne suivit pas le même cheminement que celle de l’Italie. Après avoir réussi à unifier les États germaniques du Nord en créant la confédération de l'Allemagne du Nord en 1867, Otto von Bismarck souhaita réunir les États catholiques du Sud (notamment la Bavière, le pays de Bade et le Wurtemberg, traditionnellement francophiles) pour créer un nouvel Empire allemand qui aurait alors été une puissance économique et militaire considérable et aurait changé l'équilibre des puissances en Europe, jusque-là dominée par l'Angleterre, la France, l'Autriche et la Russie, mais ce projet ne put aboutir.
Bismarck décida alors de provoquer délibérément l’Autriche pour en découdre militairement. Le 3 juillet 1866, l’armée prussienne battit l’armée autrichienne à Sadowa. En conséquence, l’Autriche se trouva écartée des affaires allemandes.
Voyant se profiler l'éventualité d'un conflit austro-prussien, Napoléon III avait tenté de monnayer sa neutralité en négociant avec Bismarck l'annexion par la France d'une partie de la rive gauche du Rhin jusqu'à Mayence comprise, dans le cas où la Prusse sortait victorieuse du conflit. Parallèlement, il signait avec l'Autriche un traité secret aux termes duquel il garantissait à ce pays sa neutralité et la neutralité de l'Italie en échange de la cession de la Vénétie, qu'il comptait remettre ensuite à l'Italie. La défaite éclair de l'Autriche et l'annexion partielle ou totale par la Prusse d'États allemands alliés de l'Autriche bouleversa les plans de l'Empereur, qui s'était attendu à une longue guerre. Il demanda alors comme compensation le retour à la frontière de 1814, soit l'annexion de la Sarre et du Luxembourg. Bismarck fit échouer ce qu'il appelait la « politique des pourboires » et communiqua au gouvernement bavarois et aux autres États d'Allemagne du sud les visées de la France sur la rive gauche, ce qui ne put que faciliter la négociation d'alliances militaires avec ces États dans l'éventualité d'une guerre contre la France. Napoléon III orienta alors ses revendications sur des territoires non allemands : Belgique et Luxembourg. Bismarck fit semblant de donner son accord puis laissa les négociations sur un traité franco-prussien sur la question s'enliser. Il ne lui resta plus en 1870 qu'à montrer ce projet de traité à la Belgique et au Royaume-Uni pour compromettre irrémédiablement Napoléon III dans l'opinion publique de ces pays8. Le gouvernement français dut reculer mais le danger prussien apparut dans toute son ampleur et l’opinion publique française jugea de plus en plus la guerre comme inévitable, tout en se prononçant, comme le faisait remarquer le ministre d'État Eugène Rouher, « dans le sens d'un agrandissement » au profit de la France6.
Bismarck, lui aussi, pensait qu’un conflit armé avec la France était inévitable, comme il l’a lui-même reconnu dans son livre de souvenirs : « Je ne doutais pas de la nécessité d’une guerre franco-allemande avant de pouvoir mener à bien la construction d’une Allemagne unie »9. Cette certitude allait de pair avec la conviction qu’il exprimait ainsi : « Si les Français nous combattent seuls, ils sont perdus ». Ses déclarations sur la nécessité d'une guerre franco-allemande furent résumées en une formule lapidaire mais directe : « Sans Iéna, pas de Sedan »10.
L'une des causes de la guerre fut le jeu politique des classes dominantes autour du trône d'Espagne, vacant depuis la révolution de septembre 1868.
Le 21 juin 1870, poussé par Bismarck11,12,13,14, Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, un cousin catholique du roi Guillaume Ier de Prusse, accepta l'offre que lui faisait le général Prim, l'homme fort du gouvernement espagnol, d'être candidat au trône d'Espagne15.
Cette candidature souleva les craintes de la France d'être « encerclée » par une possible coalition rappelant l'empire de Charles Quint, mais ce fut la surenchère politique dans le cadre des luttes d'influence sur la scène européenne (surtout après l'échec de l'intervention française au Mexique) qui, le 6 juillet, poussa le duc de Gramont, ministre des Affaires étrangères de Napoléon III, à annoncer que la France s'opposait à cette candidature.
Monument commémoratif de la
à
(Allemagne).
Le roi de Prusse, soucieux de ne pas déclencher un conflit européen, fit pression pour que Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen retirât sa candidature. Il le fit par une déclaration de son père le Prince Antoine (dont la famille avait été favorisée par Napoléon Ier), le 12 juillet, afin d'apaiser les tensions diplomatiques.
Le roi Guillaume Ier de Prusse approuva la renonciation du prince au trône d'Espagne. Cependant, la France voulait obtenir la garantie qu'aucun autre prince de la maison Hohenzollern ne prétendrait jamais plus au trône d'Espagne. L'ambassadeur de France, Vincent Benedetti, fut reçu, le 13 juillet, à Ems par le roi de Prusse qui lui confirma son approbation du retrait du prince mais ne voulut pas s'engager plus avant (pour ne pas céder aux exigences françaises), considérant l'affaire comme close. Il refusa courtoisement d'accorder une seconde entrevue à l'ambassadeur lui faisant savoir qu'il « n'a plus rien d'autre à dire à l'ambassadeur ». L'ambassadeur de France alla cependant saluer le roi de Prusse avant son départ pour Berlin. La situation semblait donc s'apaiser.
Cependant, Bismarck, bien informé des réalités de l'armée française, fort peu préparée à une guerre européenne et démoralisée par le désastre de l'expédition au Mexique, en avait décidé autrement. Après concertation avec le chef d'état-major des armées Moltke, il adressa aux chancelleries étrangères un récit tronqué de l'entretien entre Guillaume Ier et l'ambassadeur de France, c'est la « dépêche d'Ems », qui laissait croire à un congédiement humiliant de l'ambassadeur, espérant que « ce texte fera sur le taureau gaulois l'effet d'un chiffon rouge »16. En effet, il provoqua, à Paris, l'indignation de l'opinion. Cette dépêche est débattue au palais Bourbon, le député Emmanuel Arago mit en garde : « Si vous faites la guerre, c’est que vous la voulez à tout prix ! ». Un nouveau mensonge implicite troubla les cartes. La commission chargée de statuer sur les suites à donner à la dépêche d’Ems demanda à Émile Ollivier, chef du gouvernement, sur quels alliés la France pouvait compter en temps de guerre. Celui-ci joua la carte du secret d’État pour faire silence. Son rapporteur, Talhouët, fit en séance le compte rendu des travaux de la commission, la disant animée par une aveugle confiance. Léon Gambetta remonta à la tribune, ne comprenant pas pourquoi une telle fermeté ne fut pas appliquée à Sadowa : « Ce sentiment tardif et ce changement de conduite, il faut que vous en donniez les raisons devant l’Europe. Vous lancez la France dans une guerre qui verra la fin du xixe siècle consacrée à vider la question de la prépondérance entre la race germanique et la race française et vous ne voulez pas que la France et l’Europe puissent savoir s’il y a réellement outrage pour la France ! »4.
Un député conservateur, d’Andelarre, résuma cette séance en disant : « C’est ainsi qu’une Chambre fut amenée à voter une guerre terrible, sans armée, sans allié, sans raison, sans prétexte, ainsi que nous le savions bien, lorsque nous demandions, sans nous lasser, la communication des pièces qu’on nous refusait impitoyablement ».
L'Association internationale des travailleurs dénonça cette guerre : « une fois encore, sous prétexte d'équilibre européen, d'honneur national, des ambitions politiques menacent la paix du monde. Travailleurs français, allemands, espagnols, que nos voix s'unissent dans un cri de réprobation contre la guerre ! (…) La guerre ne peut être aux yeux des travailleurs qu'une criminelle absurdité »17.
De façon anecdotique, Mariano Melgarejo, président de la république de Bolivie, voulut envoyer des troupes pour protéger Paris mais son pays enclavé n'avait pas de moyen de transport18.
: « L'ère des protêts est finie, celles des exploits va s'ouvrir ».
La presse parisienne dénonça l'affront de la « dépêche d'Ems », telle que réécrite par Bismarck. La mobilisation, arrêtée secrètement le 13 juillet, fut signée le 14. Le 15, elle fut approuvée par le Corps législatif. Malgré les ultimes avertissements d'Adolphe Thiers (« Vous n'êtes pas prêts ! », criait-il aux parlementaires belliqueux), le Corps législatif français vota aussi les crédits de guerre. Le 16 juillet, le maréchal Bazaine fut placé à la tête du 3e corps de l'armée du Rhin. Il reçut autorité sur les armées des généraux Frossard et Ladmirault ainsi que sur la Garde impériale. Le général Chabaud-Latour fut chargé de la défense de Paris.
Le 15 juillet, le républicain Émile Ollivier, vice-président du Conseil, dit, devant le Corps législatif, accepter la guerre « d'un cœur léger »19. Peu se rendaient compte que l'armée française était mal préparée à cette guerre : « nous sommes prêts et archi-prêts, la guerre dût-elle durer deux ans, il ne manquerait pas un bouton de guêtre à nos soldats », déclara Edmond Le Bœuf, maréchal de France et ministre de la Guerre, à la Chambre des députés le 15 juillet 187020. Le 17 juillet, lors d'un rassemblement populaire d'étudiants et d'ouvriers à la Bastille, poussé par l'opinion publique, Émile Ollivier annonce la guerre à la Prusse (la déclaration devient officielle deux jours plus tard).
Le 19 juillet, la France déclara formellement la guerre à la Prusse21. Cette décision provoqua un rassemblement enthousiaste des Parisiens devant le palais des Tuileries. Des travaux furent entrepris au fort du Mont-Valérien, aux forts de Montrouge, de Bicêtre, d'Ivry, de Vanves, d'Issy, puis le 3 août aux forts de l'Est, et à Saint-Denis ; plus d'une vingtaine de redoutes furent construites.
Les élites françaises étaient très confiantes dans leur armée et se faisaient des illusions sur ses chances de succès. Lors de la défaite de Wissembourg, le 4 août 1870, la Bourse de Paris resta stable. Elle ne chuta que plus tard, lorsqu'elle fut suivie par une série d'autres défaites, l'emprunt public à rendement de 3 % dégringolant de 13 %, d'un cours de 61,7 à 53,9522.
Les États allemands du Sud, à savoir le royaume de Bavière, le royaume de Wurtemberg, le grand-duché de Bade et le grand-duché de Hesse, prirent alors parti pour la Prusse qui était sur le point d'être agressée et rejoignirent les forces de la confédération de l'Allemagne du Nord21.
La faiblesse majeure de l’armée de Napoléon III était son impréparation à faire la guerre : le système de recrutement était déficient et les difficultés logistiques liées à la mobilisation ne permirent d'aligner que 300 000 soldats de métier au début du conflit. La Garde nationale mobile mobilisée n'était pas en mesure de résister à l'ennemi.
L'armée française est dirigée par l'empereur en personne jusqu'au 7 août, jour où il sait que la guerre est perdue. « L’accès à des documents inédits a permis de montrer par exemple que, loin de tergiverser, thèse défendue après 1918 par les historiens, Mac Mahon avait un plan tactique qui pouvait réussir. Il est démontré également que la guerre était perdue sur le plan tactique les 6 et 7 août 1870, c’est-à-dire quand les Marsouins et les Bigors (l’artillerie des Troupes de Marine) viennent ouvrir un nouveau front pour dégager la route de Metz. Napoléon III le sait : ce jour-là, il renvoie l’Aiglon à Paris et cède le commandement aux militaires. Il s’était improvisé commandant en chef mais ses capacités militaires de capitaine d’artillerie de l’armée suisse sont insuffisantes pour approcher le génie des situations de combat nécessaire à la victoire »4. Il cède alors le commandement aux généraux. Lors de situations critiques, voire désespérées, ce fut du sacrifice des soldats que dépendit le salut de l’armée23.
Au début du conflit, la France disposait de 265 000 soldats réunis dans l'armée du Rhin contre 500 000 soldats prussiens, auxquels s'ajoutaient les forces de quatre États allemands du Sud : Bavière, Bade, Hesse et Wurtemberg4, soit un total de 800 000 soldats27. La mobilisation terminée, les troupes françaises comptaient 900 000 soldats contre 1 200 000 soldats allemands et prussiens.
La victoire de la France sur l'Autriche en 1859 fit illusion, car lors de la campagne, l'armée française n'avait pas de plan de manœuvre et sa logistique était improvisée.
En Allemagne, sous l’influence du maréchal von Moltke, un état-major s'était constitué. L'armée prussienne était formée de conscrits disciplinés, instruits, bien entraînés. Les effectifs atteignaient 500 000 hommes, avec une expérience récente du feu : contre le Danemark (1864) et contre l’Autriche (1866). L'armée prussienne disposait, en outre, d’une artillerie lourde. Dans le conflit, elle choisit de concentrer ses troupes sur des points précis, plutôt que de les disperser. Ces deux principes compensèrent largement les faiblesses du fusil allemand Dreyse et du fusil bavarois Werder, face aux qualités du Chassepot français.
Les armées de la confédération de l'Allemagne du Nord, des États de Bavière et de Wurtemberg, de Bade et de Hesse-Darmstadt sont organisées selon le modèle prussien. Les réserves sont constituées de longue date et le commandement est formé de généraux et d'états-majors entraînés par des exercices annuels.
Articles détaillés : Armée du Rhin (1870), Garde nationale française en 1870-1871, Armée de Châlons, Armée de la Loire, Armée de l'Est, Formation des trois armées de Paris en 1870, Armée du Nord, Armée des Vosges (1870) et Armée de Bretagne.
Les troupes françaises étaient au départ composées de 8 corps d'armées qui regroupent 23 divisions d'infanterie et 6 divisions de cavalerie.
L'organisation des corps d'infanterie est réglée par l'ordonnance du 8 septembre 1841. Cette arme se compose, indépendamment des corps faisant partie de la Garde impériale, de :
La réserve est formée de la garde nationale mobile (les « moblots ») et de la garde nationale sédentaire qui sont de formation récente et dont la valeur combative, variable, est inconnue à la déclaration de la guerre car elle n'est bien souvent pas équipée ni armée28, encore moins entraîn